(Non Gw2) écartlate

Prologue

Je suis face au matériau brute, mes mains tremblent. Il faut me calmer si je veux que mon œuvre soit parfaite. Je pose mes mains sur la table de travail et respire un grand coup. Me revoilà maître de moi-même.
Je suis un pêcheur tenant sa prise entre ses mains. Tressautante. elle est toujours vivante. Je la regarde se débattre face à la fertilité de mon imagination.

Je suis un auteur face à une page blanche. Elle me hurle des ordres et des suppliques. Mais Je ne l'écoute pas, je ne veux pas, je ne peux pas, JE suis l'auteur !

Peut-être suis-je un cinéaste, mettant en scène tant la création que l'œuvre elle-même. La caméra me fixe en pleine besogne, je suis acteur et metteur en scène.

Mes tremblements reprennent. Je suis un exalté, je trépigne d'excitation. Je la sent s'emparer de moi. Elle se répand en moi, comme du poison, brulant chaque parcelle de mon corps. Mon art ne peut subir cette violence en moi, il se doit d'être parfait. Je ferme les yeux, inspire profondément et puis les rouvre pour observer cette ébauche.

Que de beauté, le temps se fige, j'ai l'impression de mourir. Mon cœur s'arrête, je n'entend plus rien le monde est devenu muet mais il m'apparaît dans toute sa clarté. Je vois tout ressent tout, les couleurs se mêlent aux odeurs, l'inspiration me saisit.

Je deviens peintre, la peinture vitale passe de mes pinceaux à la toile, elle dégouline le long de mes bras puis se répand au sol. Une violente pulsion s'empare de moi, je ne peux m'empêcher d'humecter mes lèvres avec le fluide, de passer ma langue le long de mes bras.

Puis mon esprit s'éclaire, les sons me parviennent à nouveau.

Je deviens chef d'orchestre, créant une symphonie frénétique de par ma baguette. Elle s'élève dans toute la pièce, enivrante elle monte encore et encore puis dans un sifflement s'éteint.



Le Dauphiné Libéré
26/03/2012
Isère Sud

Drame dans le Vercors

Hier, Dimanche 25 mars 2012, un meurtre a eu lieu dans le petit village de Pont-en-Royans.

En effet on a retrouvé le corps d'une jeune femme dans le garage d'une résidence aux abords du village. Le corps a été identifié comme étant celui de Kamila Sebestyen, âgée de 26 ans elle travaillait en tant que secrétaire à la mairie et était aimée de tous.....

Le crime est exceptionnel de par sa forme, en effet, la victime a été torturée vivante. Son visage a été mutilé, ses lèvres arrachés, sa langue coupé et ses yeux exorbités. Puis le meurtrier, a coupé tout les doigts de la victimes pour peindre sur les murs avant de s'abreuver du sang encore dégoulinant de ceux-ci. Puis dans un accès de folie, le forcené armé de son scalpel a poignardé la victime en une multitudes de points avant de l'achever par une succession de coups dans le cœur.

Le pire étant peut-être que l'ensemble de la scène a été filmée depuis une caméra sur un pied fixe. Cette vidéo a été déposée devant chacune des rédactions des journaux de la région, y compris devant celle du Dauphiné Libéré. Et si ma description est si précise, vous pouvez le deviner c'est parce que j'ai eu le grand déplaisir de regarder cette vidéo......

Je ne pense pas écrire d'autres papiers sur cette affaire dans un futur proche.... Je dois toutefois vous dire qu'à la fin de la vidéo ,le tueur a tourné la caméra pour montrer un mur sur lequel était inscrit en lettres de sang:

Mon art
est celui
du Sang.

Sont-ce la les premiers pas d'un monstre ? J'espère sincèrement que se sont ses derniers.

K.S.



Chapitre 1


Je ne pouvais pas dormir, les images tournaient dans ma tête encore et encore. Les hurlements de la fille, reviennent me hanter du fond de mon âme, j'entends encore ses suppliques accentués par la piètre qualité de la vidéo. J'ai l'impression qu'elle est là, à mes côtés allongé dans mon lit. Les premières larmes ont succédés aux dernières gouttes de whisky. Finalement, je m'endors lourdement. Dans mes rêves se succèdent, les images de mon passé comme de mon présent. L'orphelinat, la galère, les larmes, les Soyens, l'Afrique, et le sang, les cris , le feu. Le sang, il macule mes rêves, comme mes pensés. On peut dire qu'il est le fondement de mon être depuis les massacres en règle dans les rues de Sarajevo, jusqu'aux milices du Darfour et puis ça. Cette vidéo. dans un certains sens c'était la voie, la haine, le désespoir, la folie.... A l'époque, de Sarajevo j'étais trop jeune pour faire quelque chose, au Darfour j'étais trop faible. Aujourd'hui je suis mûr, je le sais, c'est décidé je vais me lever au lieu de fuir comme je l'ai fait toute ma vie. C'est décidé, j'aurais cette être mort ou vif.

Ce matin là, je me levais avec une belle gueule de bois mais décidais quand même d'aller au boulot. Dominique, mon patron, m'avait conseillé de prendre 1 ou 2 jours pour me remettre de mes émotions de la veille, mais pour moi c'était l'inverse qui était nécessaire. Travailler pour me remettre.

J'arrivais dans les locaux grenoblois du Dauphiné aux alentours de 9h et saluait mes collègues avant la première réunion rédactionnelle. Dominique était là, un petit gros au regard éteins caché derrière ses grosses lunettes.

_Kosta, je t'ai dit de te reposé. Après se qu'on a vu hier tu devrais être chez toi à regarder un film ou jouer à je ne sais lequel de vos jeux vidéo. Faisant là référence à mon entrée dans le journal par le biais d'une rubrique technologique. Donne moi une bonne excuse. 
_ J'ai oublié mon manteau. Fis-je avec un ton sérieux
_ Joue pas le cynique avec moi. Bon puisque t'es la.
Durant la réunion, on évoqua surtout se qu'on avait déjà appelé le meurtre de la décennie. Toutefois, un seul pouvait s'occuper de cette sombre affaire.
_ Bon, je vais pas vous demander qui veut couvrir le meurtre, intervint Dominique avec sa voix toujours plus détachée. Je pense donc que je vais la confier à ….
_ Moi. je n'avais pas pu m'empêcher de le couper. J'ai écris le premier papier dessus, je compte bien continuer sur cette affaire. Je sentais bien qu'il allait me faire une de ses fameuses répliques cinglantes, alors anticipant sa réponse je me levais et sortis de la salle de réunion.

Je me précipitais alors vers mon box et décrochait mon téléphone pour appeler la personne la plus approprié pour m'aider dans mon enquête. Mon frère, tout jeune capitaine à la SRPJ.

Enfin quand je dis frère, Matt Soyens était avant tout mon frère adoptif. A 10 ans ,en 1992, j'avais été adopté par la famille Soyens. Cette famille aisée grenobloise avait décidée d'adopter un enfants 5 ans après la naissance de leur fils biologique et 3 ans après la nouvelle de l'infertilité de Maya la femme suite a une fausse couche. Émus par la crise sans précédent dans les Balkans, ils avaient décidés d'adopter un petit Tchécoslovaque.

Il ne fallut que quelques secondes pour être accueillit par la voix joviale de mon frère. Il me prit de vitesse en lançant la conversation.

_ Salut frérot. Je devine déjà le motif de l'appel, si tu veux des infos sur le meurtre de Dimanche, tu peux te gratter et ….
_ Matt, j'ai vu la vidéo qu'a fait ce salopard.
_ Ah …...passe a la maison, ça fait un moment que t'as pas vu les enfants. Je te parlerais de tout ça sur place.
_ Alors, t'as des infos intéressantes sur l'affaire ?
_ Plus encore frérot ...... Je suis en charge de l'affaire, ma première grosse mission! »